Été 1985, l’affaire du « Rainbow Warrior » scandalise la France

Throughout the summer, Le Parisien Weekend has been reviewing notable cultural, sporting, political events  in specific years. This week was 1985.

Le 10 juillet 1985, le navire de l’ONG Greenpeace est saboté par des espions français dans le port d’Auckland, en Nouvelle-Zélande. Le début d’un retentissant scandale politique. Peu avant minuit, une explosion se fait entendre. L’équipe déserte le bateau. Seul Fernando Pereira, photographe indépendant d’origine portugaise, descend dans sa cabine récupérer son matériel. Cinq minutes plus tard, il est surpris par une seconde déflagration.

Le 11 juillet 1985, le « Rainbow Warrior » gît dans le port d’Auckland, après l’attaque par les services secrets français. Il était devait naviguer pour protester contre les essais nucléaires menés à Mururoa, en Polynésie française.

La photo du vaisseau amiral échoué sur un flanc dans le port d’Auckland, laissant seulement apparaître les couleurs de l’arc-en-ciel et une colombe blanche, fait le tour du monde.

La Nouvelle-Zélande se réveille sous le choc. Une enquête pour meurtre est lancée. La police remonte rapidement la piste d’un couple voyageant sur l’île, à bord d’un camping-car. Ce n’est pourtant pas la période touristique. Ils ont aussi été repérés, garés sur le port, la nuit du drame.

Le 12 juillet 1985, « Sophie et Alain Turenge » sont interpellés en rendant les clés de leur véhicule de location, avant leur vol retour. Malgré des passeports suisses, les autorités sont convaincues d’avoir affaire à des espions français.

Des agents identifiés et emprisonnés pendant une mission, sur un territoire souverain, c’est un désastre. Le faux couple est même photographié à la sortie du tribunal. « Sophie Turenge » tente de couvrir son visage avec un vêtement, tandis que « Alain » semble repousser les flashs d’un geste de la main.
Le 23 juillet 1985, ils sont inculpés pour « meurtre ».

Le 22 septembre 1985, le Premier ministre socialiste, les traits tirés, délivre une information majeure dans l’affaire du « Rainbow Warrior », qui passionne la France, comme le reste du monde, depuis le début de l’été : « Ce sont des agents de la DGSE qui ont coulé ce bateau. »

À plus de 18 000 kilomètres de Paris, les agents Dominique Prieur et Alain Mafart sont toujours emprisonnés. Pour éviter un procès très médiatisé, et extrêmement attendu, ils plaident coupables d’homicide involontaire et sont condamnés, le 22 novembre 1985, à dix ans de prison.

Extracts from an article in Le Parisien Weekend

Par Marine Brugeron Le 28 juillet 2023